Égypte : Mohamed el-Baradei a-t-il rendez-vous avec l’histoire ?
L’arrivée, l’an dernier, de Mohamed el-Baradei sur la scène politique égyptienne avait provoqué des réactions mitigées. Certains partisans de la démocratie étaient euphoriques à l’idée que le Prix Nobel de la paix et ancien directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) puisse mettre son prestige international au service de leur combat pour de vastes réformes. D’autres, en revanche, se sont demandé ce qu’un homme qui avait passé plus de trente ans à l’étranger pouvait bien comprendre à leur sort.
Mais après plusieurs jours de manifestations sans précédent contre Hosni Moubarak, Baradei s’est imposé comme l’une des voix majeures de l’opposition. Le 30 janvier, plusieurs jours après être revenu au Caire pour se joindre aux manifestants, Baradei affirmait avoir reçu un mandat politique et populaire pour négocier la création d’un gouvernement d’union nationale. « Il est évident pour tout le monde en Égypte que Moubarak doit partir immédiatement », a-t-il déclaré à la chaîne de télévision américaine CNN.
Baradei ne craint pas la controverse. Avant l’invasion de l’Irak en 2003, il a résisté aux pressions des États-Unis et répété qu’il n’existait pas d’« indice crédible » permettant d’affirmer que Bagdad avait relancé son programme nucléaire militaire. Il a ensuite brigué – avec succès – un second mandat à la tête de l’AIEA, qu’il avait rejointe en 1984, muni d’un doctorat en droit international de l’université de New York.
À son retour en Égypte, Baradei a promis de se battre pour les réformes, de faire échec à Moubarak et de se présenter à la présidentielle. Mais il s’est rapidement heurté à la dure réalité de la politique égyptienne. Dans une interview accordée au Financial Times l’an dernier, il déplorait la « culture de la peur » et se plaignait de ne pas pouvoir créer un quartier général, lever des fonds ou tenir des réunions publiques.
Les événements de ces derniers jours laissent penser que cette peur a été balayée. Un changement déterminant dans la psychologie des Égyptiens qui pourrait ouvrir la voie à Baradei. Mais l’ampleur du soutien populaire dont il bénéficie reste encore largement inconnue.
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